La Fèsta dels cornards était, naguère, très populaire dans plusieurs communes des alentours en particulier Le Verdier, Vieux, Saint Beauzile, Campagnac, Itzac, Sainte-Cécile-du-Cayrou, Cordes, Vaour...
Ces réjouissances, extrêmement ritualisées, revêtaient certains traits communs à toutes les localités. Il s'agissait d'un exutoire au cocuage en même temps qu'une quête burlesque opérée par les hommes mariés à l'exclusion des femmes et des célibataires. Cependant, le soir, les épouses étaient conviées au repas et au bal organisés ordinairement dans un café ou une salle quelconque mais interdiction leur était faite de danser avec leur mari. Les attributs de la fête étaient partout les mêmes : un âne servant à promener les cornards et à tirer la charrette contenant les objets nécessaires à la quête, un bonnet flanqué d'une paire de cornes pour symboliser le cocuage, un entonnoir (arcudèl) pour faire boire les nouveaux mariés...
Le rituel était organisé par les hommes mariés, à la différence de la promenade du Carnaval effectuée par les jeunes gens. Contrairement au Carnaval qui avait lieu tous les ans, le rituel des cornards ne se répétait en règle générale que tous les deux ou quatre ans.
A Cordes, la fête des cornards, qui avait lieu le Mercredi des Cendres, connaissait diverses particularités par rapport aux autres communautés notamment du fait de la présence d’une pierre au bas de la cité dite Pèira dels cornards :
"Avèm mèmes una pèira : la pèira dels cocuts. I anavan amb un ase. L'òme èra segut davant darrèr, e bevián aquí, fasián beure l'ase, i donavan a beure a la botelha. Se fasiá cada an. Es demorat longtemps que se fasiá pas e pèi se tornèt far un bocin après la guèrra de 1914. Es una pèira blanca que data de 1779. Es un cap de bèstia mai o mens banut." (Cordes)
"Nous avons même une pierre : la pierre des cocus. Ils y allaient avec un âne. L'homme était assis devant derrière, ils buvaient là, et faisaient boire l'âne à la bouteille. Ça se faisait chaque année. Pendant longtemps ça ne s'était plus fait et puis la fête reprit après la guerre de 1914. C'est une pierre blanche qui date de 1779. C'est une tête de bête avec des cornes."
Ce type de réjouissances remontant généralement au moins au Moyen âge, on peut imaginer que la pierre en question devait remplacer une sculpture beaucoup plus ancienne.
On conduisait là le ou les derniers mariés de l'année, après leur avoir fait faire le tour de la ville, assis sur un âne et accoutrés de façon bien particulière. Léonce Marty dans son recueil de souvenirs Lo Cordiòr écrit à ce sujet : "...Revêtu d'une redingote, chemise blanche et haut de forme, il était hissé, à califourchon, sur un baudet, le corps tourné du côté de la queue de l'animal..." (MARTY, Léonce, Lo Cordiòr, p.141). Un autre informateur nous précisait : "Lo darnièr qu'èra maridat, montava sus l'ase e anava embraçar la Pèira dels Cornards. E aquela pèira es un monument istoric aquò." (Cordes)
En fait le cortège partait en principe du haut de la cité pour descendre jusqu’à la pierre.
La pèira dels Cornards, bien que fortement érodée par le temps, trône toujours sur le mur de soutènement du Sol Grand où sa blancheur tranche avec le gris des pierres environnantes. En embrassant la pierre et en faisant boire du vin à l'âne, le jeune marié se préservait du cocuage.
Voici un extrait d'une chanson entonnée à l'occasion de ces fêtes :
"Lo jorn de Sent Còrnèri
Faguèri bastir un forn
Per adocir las còrnas
D'un tal lo colhol."
"Le jour de la fête des cornards
J'ai fait bâtir un four
Pour adoucir les cornes
D'un tel le cocu."
Depuis 2019, notre association a décidé de remettre à l’honneur dans le cadre de la fête occitane du 15 août, la fête des cornards qui traditionnellement avait lieu durant la période carnavalesque autour du Mardi gras et du mercredi des cendres.
La veille du rituel durant le défilé du carnaval les jeunes gens descendaient du haut de la cité en dansant la bufatièira ou danse des soufflets. Dans la version réintroduite, la descente jusqu’à la pierre se fait en dansant, notamment en exécutant la danse des soufflets. Nous y avons ajouté également le fait de faire danser les nouveaux mariés en tenant à la main une sorte de totem représentant la pierre des cornards, et le fait de leur faire signer leur nom sur un registre à l’aide d’un chou trempé dans du vin, que l’on retrouve dans d’autres fêtes de ce type. La danse exécutée par les participants s’apparente au branle ou à la bolegueta très populaires jadis dans la cité.
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